Prévision Météo Saisonnière : fin automne et hiver 2023-2024

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A l’heure où nous rédigeons ces lignes, la France est écrasée par une vague de chaleur sans précédent pour un mois de septembre. Et pourtant, nous ne sommes plus qu’à quelques semaines de la saison froide. C’est donc l’occasion d’établir notre tendance météo pour la fin de l’automne et l’hiver à venir, après avoir analysé et commenté les deux principaux modèles saisonniers (ECMWF et CFS), dans la vidéo ci-dessous.

Quelle tendance pour la fin de l’automne (novembre) et l’hiver météorologique 2023-2024 (décembre, janvier, février) ? 

IMPORTANT : il s’agit ici d’une tendance à très long terme, la fiabilité de ces prévisions est donc limitée.  La réalité peut donc être TOTALEMENT différente.

 

Analyses et commentaires des modèles saisonniers ECMWF et CFS

Modèle saisonnier européen ECMWF  

(Mise à jour : 1er septembre 2023)

  • Novembre : flux de Sud-Ouest humide dominant ?

L’activité dépressionnaire serait omniprésente entre les Açores et l’Europe de l’Ouest. A cet effet, les passages perturbés se succèderaient sur notre pays. Toutefois, comme nous serions majoritairement sous l’influence d’un courant de Sud-Ouest très doux, les chutes de neige concerneraient surtout la haute-montagne. Toutefois, une séquence plus hivernale n’est pas totalement à exclure durant ce mois, car les hautes-pressions pourraient faire quelques incursions vers des latitudes plus nordiques.

  • Décembre : douceur marquée ?

Notre pays serait sous l’influence d’un régime zonal, tantôt anticyclonique, tantôt dépressionnaire. En conséquence, les périodes sèches et humides alterneraient dans nos stations de ski. Cependant, l’excédent thermique resterait marqué sur la France. Les flocons tomberaient donc surtout à moyenne et haute-altitude lors des séquences perturbées.

  • Janvier : potentiel hivernal plus important ?

Une récurrence anticyclonique pourrait se mettre en place entre l’Islande et les Iles Britanniques. Le flux s’orienterait donc davantage au Nord-Ouest sur notre pays (air polaire maritime). Dans ce contexte, les séquences froides et humides, porteuses de chutes de neige jusqu’à basse altitude, pourraient être plus nombreuses par rapport au mois de décembre.

  • Février : agité ?

La France pourrait se situer en plein dans la zone de conflit entre l’air doux qui remonterait de la péninsule ibérique et l’air froid qui serait présent sur les Iles Britanniques. Les précipitations seraient donc fréquentes sur nos massifs, mais la limite pluie-neige serait également très fluctuante (alternance de redoux et de refroidissement).

Modèle saisonnier américain CFS 

  • Novembre : courant de Ouest/Sud-Ouest dépressionnaire ?

Selon le modèle américain, l’anticyclone pourrait se replier vers l’Europe du Sud (de l’Espagne au Balkans). La France serait alors sous l’influence d’un flux d’Ouest/Sud-Ouest très humide. Comme la douceur serait omniprésente, la limite pluie-neige oscillerait surtout entre la moyenne et la haute-montagne.

  • Décembre : grande douceur océanique ? 

L’Europe de l’Ouest et la France seraient concernés par un flux océanique plus ou moins perturbé, en fonction de la latitude de la zone barocline. Dans ce courant de Sud-Ouest, la douceur serait importante pour la période dans nos domaines skiables. Il neigerait donc surtout à moyenne et la haute altitude.

  • Janvier : pluvieux (neigeux en moyenne et haute-montagne) ? 

L’anticyclone régresserait vers le bassin méditerranéen. Les passages perturbés pourraient donc se succéder sur notre pays. Toutefois, les épisodes neigeux concerneraient surtout les moyennes et hautes stations, car les températures resteraient élevées pour un mois de janvier.

  • Février : plus anticyclonique ? 

A l’instar de ces deux dernières années, ce mois de février prendrait des allures printanières. Et pour cause, l’activité dépressionnaire serait davantage rejetée vers l’Europe du Nord. Le temps serait alors anticyclonique (sec) et également très doux sur la France. Dans nos domaines skiables, les chutes de neige seraient logiquement plus rares.

L’influence du vortex polaire 

Le vortex polaire est une vaste zone d’air froid qui se forme en période hivernale sur les deux pôles géographiques. Si ces masses d’air froides sont concentrées, on parle alors de circulation zonale sur l’Europe. La direction du jet-stream détermine alors les conditions météorologiques sur notre pays. S’il s’oriente vers l’Europe du Nord-Ouest, le temps sera doux et sec sur notre pays (carte 1). En revanche, s’il s’oriente vers la France, le temps sera beaucoup plus perturbé.

Il arrive parfois que les hautes pressions remontent vers les hautes latitudes. Le vortex polaire est donc davantage déconcentré. On parle alors de circulation méridienne sur l’Europe. À cet effet, les masses d’air froides peuvent potentiellement être rabattues vers les moyennes latitudes, donc sur notre pays (carte 2). En revanche, si le complexe dépressionnaire plonge sur l’Atlantique, un flux de Sud très doux est advecté sur la France.

  • L’Oscillation Nord Atlantique ou North Atlantic Oscillation (NAO) 

La NAO est un indice qui calcule la différence de pression entre les Açores et l’Islande. Plus le gradient de pression Nord/Sud va être important, plus la NAO va être positive. Au contraire, plus ce gradient sera relâché, plus la NAO sera négative. Autrement dit, une NAO- favorise davantage les blocages nordiques, et donc les situations hivernales sur l’Europe. 

Il est toutefois important de préciser qu’une NAO+ n’est pas forcément synonyme de douceur durable. La vague de froid de février 2012 en est l’exemple (anticyclone russe).

CARTE 1 : Synoptique du samedi 15 février 2020 | carte pressions à 500hpa

Skiinfo Synoptique du samedi 15 février 2020 : carte pressions à 500hpa
©️Meteociel | image retouchée par Allan Crouvizier

 

CARTE 2 : Synoptique du vendredi 17 décembre 2010 | carte pressions à 500hpa

Skiinfo Carte météo
©️ Météociel | image retouchée par Allan Crouvizier

 

El nino va t-il impacter notre hiver ? 

Par définition simple, El niño est une anomalie chaude des eaux du Pacifique, à l’Ouest de l’Amérique du Sud. Ce phénomène peut à la fois exacerber la hausse des températures à l’échelle de notre planète, et également avoir des effets sur le climat mondial.

El niño et ses possibles impacts sur le climat mondial entre décembre et février

Source : catnat.net

Sur l’Amérique du Nord : on observe régulièrement une douceur sèche sur l’Ouest du Canada en période hivernal. Sur le Sud des Etats-Unis, les conditions météorologiques sont au contraire fréquemment plus fraiches et plus humides, en situation El niño

Sur l’Asie du Sud et la partie méridionale du continent africain : le temps est souvent chaud et sec entre décembre et février.

En France, les conséquences sont beaucoup plus floues. Selon certaines études, les hivers se scinderaient en deux parties : les mois de novembre et décembre seraient doux et humides ; puis les mois de janvier et février seraient au contraire plus anticycloniques. 

Illustration du phénomène El Niño

Source : NOOA

Au 10 septembre 2023, on retrouve cette anomalie chaude des eaux du Pacifique à l’Ouest de l’Amérique du Sud. Selon les prévisions de la NOAA, El Nino pourrait se poursuivre au moins jusqu’au printemps 2024.

Probabilité (en %) des phénomènes El Nino, la Niña, phase neutre, pour les prochains mois

Source : figure07.gif (2295×1484) (noaa.gov) – NOAA

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