Les premiers flocons de la saison se sont invités jusqu’à des altitudes remarquablement basses pour une mi-septembre ces derniers jours : 1100-1200m sur les Vosges, le Jura, et les Alpes du Nord. Ce sursaut précoce de l’hiver est un signe que nous avançons petit à petit vers la saison froide. C’est donc l’occasion d’établir notre tendance pour la fin de l’automne et l’hiver à venir, après avoir analysé et commenté les deux principaux modèles saisonniers (ECMWF et CFS) dans la vidéo ci-dessous.
Quelle tendance pour la fin de l’automne (novembre) et l’hiver météorologique 2024-2025 (décembre, janvier, février) ?
IMPORTANT : il s’agit ici d’une tendance à très long terme, la fiabilité de ces prévisions est donc limitée. La réalité peut donc être TOTALEMENT différente.
Analyses et commentaires des modèles saisonniers ECMWF et CFS
Modèle saisonnier européen ECMWF
(Mise à jour : 1er septembre 2024)
- Novembre : vers un mois de novembre « standard » ?
Notre pays serait sous l’influence d’un régime d’Ouest plus ou moins humide, en marge de l’activité dépressionnaire qui occuperait régulièrement l’Europe du Nord. Dans ce contexte, les flocons tomberaient surtout en moyenne et haute montagne. Toutefois, les hautes-pressions s’étireraient régulièrement de la péninsule ibérique jusqu’au Sud du Groënland. Des séquences plus froides pourraient donc également survenir sur nos massifs (flux de Nord-Ouest).
- Décembre : anticyclonique ?
Les hautes-pressions concerneraient durablement notre pays. Les chutes de neige seraient donc rares dans nos domaines skiables. L’omniprésence de l’anticyclone favoriserait également les inversions thermiques. Une certaine douceur serait donc de mise en montagne. Dans les vallées, la hausse du thermomètre serait plus difficile en journée.
- Janvier : douceur océanique ?
La France serait sous l’influence d’un courant océanique, tantôt anticyclonique, tantôt dépressionnaire, en fonction de la latitude de la zone barocline. Comme le flux serait majoritairement orienté au Sud-Ouest, les flocons tomberaient surtout en moyenne et haute montagne durant les périodes humides.
- Février : très doux et humide ?
Le courant dépressionnaire grignoterait davantage du terrain vers la France. Ce temps humide serait toutefois accompagné d’une douceur excessive. Dans ces conditions, les chutes de neige seraient sporadiques dans les basses stations. A moyenne et haute altitude, les précipitations neigeuses pourraient être au contraire plus importantes.
Modèle saisonnier américain CFS
- Novembre : potentiellement neigeux sur nos massifs ?
Un anticyclone situé à proximité de l’Islande piloterait un courant de Nord-Ouest humide en direction de la France. La neige tomberait donc régulièrement sur nos massifs, parfois jusqu’à basse altitude.
- Décembre : doux et plutôt perturbé ?
Les hautes-pressions régresseraient vers le bassin méditerranéen. Un flux d’Ouest/Sud-Ouest doux et plutôt humide affecterait alors notre pays. Dans ces conditions, les précipitations neigeuses concerneraient surtout les moyennes et hautes stations.
- Janvier : excessivement doux ?
L’excédent thermique serait marqué sur la France. En conséquence, la limite pluie-neige fluctuerait davantage entre la moyenne et la haute montagne lors des passages perturbés.
- Février : sec et plutôt froid ?
Un anticyclone situé entre les Iles Britanniques et la Mer Baltique dirigerait un flux d’Est potentiellement froid mais sec en direction de la France. Les chutes de neige seraient donc peu fréquentes sur nos massifs.
L’influence du vortex polaire
Le vortex polaire est une vaste zone d’air froid qui se forme en période hivernale sur les deux pôles géographiques. Si ces masses d’air froides sont concentrées, on parle alors de circulation zonale sur l’Europe. La direction du jet-stream détermine alors les conditions météorologiques sur notre pays. S’il s’oriente vers l’Europe du Nord-Ouest, le temps sera doux et sec sur notre pays (carte 1). En revanche, s’il s’oriente vers la France, le temps sera beaucoup plus perturbé.
Il arrive parfois que les hautes pressions remontent vers les hautes latitudes. Le vortex polaire est donc davantage déconcentré. On parle alors de circulation méridienne sur l’Europe. À cet effet, les masses d’air froides peuvent potentiellement être rabattues vers les moyennes latitudes, donc sur notre pays (carte 2). En revanche, si le complexe dépressionnaire plonge sur l’Atlantique, un flux de Sud très doux est advecté sur la France.
L’Oscillation Nord Atlantique ou North Atlantic Oscillation (NAO)
La NAO est un indice qui calcule la différence de pression entre les Açores et l’Islande. Plus le gradient de pression Nord/Sud va être important, plus la NAO va être positive. Au contraire, plus ce gradient sera relâché, plus la NAO sera négative. Autrement dit, une NAO- favorise davantage les blocages nordiques, et donc les situations hivernales sur l’Europe.
Il est toutefois important de préciser qu’une NAO+ n’est pas forcément synonyme de douceur durable. La vague de froid de février 2012 en est l’exemple (anticyclone russe).
CARTE 1 : Synoptique du samedi 15 février 2020 | carte pressions à 500hpa
CARTE 2 : Synoptique du vendredi 17 décembre 2010 | carte pressions à 500hpa
La niña va t-il impacter notre hiver ?
La niña devrait probablement nous accompagner durant la saison froide à venir, après un hiver 2023-2024 sous l’influence d’El niño.
Par définition simple, la niña est une anomalie froide des eaux du Pacifique, à l’Ouest de l’Amérique du Sud. Ce phénomène peut avoir des effets sur le climat mondial, à savoir : un temps plus doux et plus sec sur le Sud des Etats-Unis, au contraire plus frais et plus humide sur le Nord du pays ; des précipitations plus importantes sur l’Océanie ; un temps plus frais sur l’Ouest du continent africain ainsi que sur l’Est de l’Asie.
La niña et ses possibles impacts sur le climat mondial entre décembre et février
Source : wikipedia
Sur l’Europe, les conséquences sont bien plus méconnus, même si, selon certains prévisionnistes, les hautes pressions gagneraient plus facilement les hautes latitudes, favorisant ainsi les décrochages polaires vers les moyennes latitudes. Toutefois, cette corrélation n’est pas si évidente. En effet, si certains mois ont été très hivernaux sur le continent sous la niña, comme notamment décembre 2010 ou encore février 2012, d’autres hivers se sont avérés très doux comme 1999-2000, 2000-2001, 2007-2008, ou plus récemment 2021-2022 et 2022-2023 qui ont été globalement peu enneigés.
Illustration du phénomène La niña
Source : NOOA
Au 14 septembre 2024, on retrouve cette anomalie froide des eaux du Pacifique à l’Ouest de l’Amérique du Sud. Selon les prévisions de la NOAA, La nina pourrait se poursuivre au moins jusqu’à la fin de l’hiver, avant une éventuelle phase « neutre » au printemps.
Probabilité (en %) des phénomènes El Nino, la Niña, phase neutre, pour les prochains mois
Source : figure07.gif (2295×1484) (noaa.gov) – NOAA