Le carving ou la technique du virage coupé

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Le carving, c’est une technique de ski qui consiste à réaliser des virages coupés. Autrement dit, des virages entièrement réalisés sur la carre du ski, dans une recherche d’efficacité maximum et d’accélération, à l’inverse des virages dérapés ou glissés. C’est typiquement la technique utilisée par les skieurs alpins dans les piquets, avec des rayons de courbe variables selon la discipline. Pour carver, il faut prendre de l’angle sur ses skis, sans pour autant basculer vers l’intérieur, au risque de perdre l’accroche. Il s’agit donc d’un savant mélange entre technique, prise d’angle, équilibre, appui, vitesse et rayon de courbe.

 

Nous avons invité Fanny Caspar, monitrice de ski à l’ESF de La Clusaz, ex-membre de l’équipe de France de ski de bosses et ex-entraîneur de l’équipe d’Australie de ski de bosses à partager son expérience avec la communauté Skiinfo. Née au coeur des 3 Vallées, Fanny est tombée dans le ski quand elle était toute petite. Elle a grandi dans les montagnes qu’elle a parcourues à pied ou à skis dans toutes les conditions. Fanny est récemment devenue ambassadrice Skiinfo et dans son temps libre gère l’association Snowflike – happy women in the mountains, qui encourage les femmes à pratiquer des activités de montagne, toute l’année.

Fanny Caspar - Le Carving
©️ Fanny Caspar | Archive personelle

 

Comment carver ? Est-ce ce il y a des étapes pour apprendre?

Carver, c’est tourner sur la carre du ski. Pour cela, il ne faut pas chercher à faire pivoter son ski mais il faut le piloter, le positionner correctement sur la carre pour engager le virage, puis augmenter peu à peu la pression exercée sur celui-ci pour réaliser un arc de cercle parfait.

Voici une technique simple d’apprentissage en 3 étapes : 

1 – La prise de carre sur un pied

Sur piste plane et peu raide, se laisser glisser face à la pente les deux skis à plat. Rentrer un genou vers l’intérieur pour basculer le ski sur sa carre et transférer son poids sur ce ski, tout en maintenant la prise de carre. Le ski tourne alors tout seul en carving. Pratiquer plusieurs fois sur chaque pied, puis alterner des deux côtes et enchaîner les virages. Le buste reste droit, les épaules face à la pente. S’exercer en variant la pression exercée sur le ski, en glissant de plus en plus vite et/ou sur plus de pente. C’est la base.

2 – La prise de carre deux pieds

Quand ce mouvement est acquis, que l’on est capable de maintenir le ski sur la carre tout le long du virage, on va accompagner le mouvement avec l’autre pied. Pour cela, il faut incliner le tibia de la jambe intérieure au virage vers l’intérieur du virage, parallèlement à la jambe d’appui, qui reste toujours la jambe extérieure au virage (droite quand on tourne à gauche et inversement). Ainsi, le ski intérieur va lui aussi « mordre » la neige et accompagner le mouvement pour plus d’efficacité. En revanche, pour conserver son équilibre, il va falloir compenser cette prise d’angle des membres inférieurs, en conservant le buste droit, perpendiculaire au sol et en écartant légèrement les bras pour plus de stabilité. Seules les jambes prennent de l’angle (c’est ce que l’on appelle l’angulation). Attention à ne pas basculer sur l’intérieur, c’est la chute assurée.

3 – L’accélération

Jusque-là, on a surtout profité de la structure et du profil des skis pour faire des virages bien ronds (idéalement) à vitesse modérée et régulière tout au long de la courbe. Pour accélérer, il va falloir y mettre un peu du sien, en dosant ses appuis notamment. Commencer par entrer en courbe de manière assez douce pour mettre le ski convenablement en direction sur la carre. Puis fléchir les genoux progressivement pour augmenter à la fois la pression sur les skis et l’angle de prise de carres. Terminer la courbe en appuyant fort sur les talons pour cintrer le ski, créer un effet « ressort » avec l’arrière du ski et ainsi générer l’accélération et la relance nécessaires pour se propulser dans la courbe suivante. A noter que l’on augmente l’appui talon grâce à sa puissance musculaire, en fléchissant les genoux et pas en poussant l’arrière des skis vers le bas de la pente, ce qui ferait déraper les skis. 

Cela prend des mois, voire des années avant de maîtriser le carving et savoir convenablement doser ses appuis, son équilibre, en fonction des skis, de la neige et de la pente. Tout un art.

Quand est-il recommandé de couper les virages ?

Savoir utiliser la technique du carving n’est pas nécessaire pour le ski loisir et la balade. Ce n’est indispensable que pour ceux qui veulent faire du piquet et de la compétition. En revanche, faire quelques virages coupés avec une bonne paire de skis sur une piste lisse et parfaitement damée offre son lot de sensations. Qui maîtrise le carving, prendra un plaisir fou à sentir ses skis travailler, appréciera le renvoi en fin de courbe et sentira les G. 

 

Quels types de skis choisir pour faire du carving ?

Couper un virage peut se faire avec n’importe quelle paire de ski. Ingemar Stenmark n’a pas attendu la mode du carving pour ça. L’avènement des skis paraboliques en 1995 à largement simplifié la chose pour le skieur lambda. C’est un peu comme la direction assistée sur les voitures. On pouvait très bien tourner le volant sans. Mais son développement a largement contribué à faciliter la conduite.  

Tous les skis étant désormais paraboliques, ou presque, il s’agit de choisir un modèle particulièrement adapté au carving. Il faut piocher dans les skis typés piste, avec une plaque de préférence, pour augmenter le bras de levier et la prise d’angle. S’attarder ensuite sur la largeur du ski au patin, idéalement en dessous de 72mm. Plus c’est étroit, plus vite ça part sur l’angle. 

Enfin, la clé réside dans le rayon du ski, déterminé par ses lignes de côtes (largeur spatule – patin – talon) et la longueur de ski. Si les géantistes parviennent à carver de folie avec des skis de plus de 190 cm de long et 30 m de rayon (au moins), il est préférable de se simplifier la vie en choisissant un ski qui offre un rayon de moins de 15m et une longueur de 15 à 20 cm de moins que sa taille.

Plus le rayon et le ski seront courts, plus le virage sera serré. Le top, un ski de slalom assoupli en 155 cm.

Quel est le terrain idéal pour faire du carving ?

Le terrain parfait pour le carving est une piste de pente moyenne, type verte ou bleue, large, parfaitement damée et lisse, une neige douce et accrocheuse. Si le terrain est dégagé de tout skieur et que la visibilité est parfaite, c’est encore mieux !

Le carving c'est quoi
©️OT Le Grand Bornand

 

Peut-on faire du carving sur les pistes raides ou hors-piste ?

Il est possible de carver sur tout type de piste et de terrain bien sûr. Faire du carving sur les pistes raides demande plus de technique, plus de puissance, plus de maîtrise et plus d’audace.

On peut traduire carving par tailler, découper ou sculpter (la neige). Autrement dit, c’est l’art de tracer une courbe parfaite. Cela peut se faire dans n’importe quel type de neige. En profonde, cela sera fait avec plus de toucher de neige.

N’oublions pas toutefois que hors-piste n’est pas nécessairement synonyme de poudreuse. Skier hors-piste, c’est skier en dehors des pistes préparées et sécurisées. Parfois la neige peut être très dure. Une paire de ski de carving aux carres bien affutées peut se montrer bien utile et plus sécuritaire que des skis larges.

Quelles sont les étapes pour changer de style, pour skier hors-piste ?

Un bon skieur de carving saura facilement apprendre à skier en hors-piste car c’est une personne capable de maîtriser ses appuis, son équilibre et le pilotage de ses skis. Toutes qualités indispensables pour skier en toute neige et tout terrain. Pour le ski en neige profonde, il suffira de s’entraîner, en bordure de piste par exemple dans un premier temps, en marquant moins fortement ses appuis, en s’équilibrant un peu plus vers l’arrière des skis. Il faut se rappeler que skier sur la poudreuse, c’est comme skier sur l’eau, on flotte. La douceur s’impose. A noter toutefois, quand on va vite, que la pente est raide ou la neige lourde, que l’effort physique est important !

Le ski de bosses c’est quoi ?

Savoir descendre la piste noire pleine de bosses sans tomber, c’est souvent l’objectif ultime du skieur loisir. Dévaler la piste en un trait, enchaîner les virages dans l’axe de pente comme les pros, c’est beau.

La base de la technique, c’est la godille. Quand on la maîtrise bien, on peut alors aller affronter les bosses, tout en les utilisant. On prend appui sur une bosse, on glisse sur son flanc tout en laissant remonter ses genoux (c’est la technique de l’avalement) et, dans un premier temps, on se laisse déraper le long de la face avale de la bosse, les pieds bien serrés, jusqu’à atteindre la suivante, sur laquelle on prend appui et ainsi de suite.

Si les skis sont serrés, pour le style autant que pour l’efficacité et la rapidité de changement de direction, l’appui reste majoritaire sur le ski extérieur/aval. Gare à celui qui bascule à l’intérieur, perte de contrôle garantie !

Penser à regarder loin devant, à gainer les abdos, garder le buste droit, les épaules face à la pente et les bras devant soi.

Au fil de la progression, on ne dérape plus entre les bosses mais on glisse pour conserver de la vitesse, on augmente la cadence et on peut même s’amuser à faire un saut. 

 

Où peut-on faire du freestyle en France ?

Pour s’initier au ski de bosses, il recommandé de s’adresser à un moniteur de ski. On trouve des champs de bosses dans toutes les stations. Le plus difficile n’est pas de se lancer, mais de perdurer.

Pour pratiquer les bosses en compétition, il est nécessaire d’avoir un excellent niveau à ski et de s’inscrire dans un club (si on a moins de 12/14 ans). Seuls quelques clubs des sports comme Châtel, La Clusaz ou Megève enseignent encore la discipline. Se renseigner du côté de la Fédération Française de Ski.

Pour pratiquer les autres disciplines du freestyle comme le Big Air, le Slope Style ou le Half Pipe, de nombreux snowparks ont été aménagés partout en France. Là encore, pour progresser en toute sécurité, il est préférable de se tourner vers une structure professionnelle. Ecole de ski pour le loisir, Club des Sports pour la compétition.

 

Quelles sont les compétitions de ski qui prennent place en France ?

La question est trop large…. Toutes les compétitions alpin et freestyle qui se déroulent en France sont mentionnés sur le site de la FFS. Quelques coupes du monde ont lieu en France chaque saison dans toutes les disciplines. Les stations organisent sporadiquement des compétitions loisirs et, régulièrement, des flèches et des chamois, pour les vacanciers comme pour les locaux.

Interview par Anca Berlo, février 2022.

Crédits photo couverture : OT Isola – Auron

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